J'habite au 148
J’habite au 148 est une manœuvre artistique qui consiste à visiter à l’improviste les personnes qui vivent au 148, à échanger sur des sujets non déterminés à l’avance, puis à créer une représentation de la personne à travers la photographie d’un fragment de l’espace domestique. Le geste - sortir de chez moi et cogner aux portes d’inconnu.es - participe à mon émancipation des systèmes auxquels je me sens aliénée (le capitalisme, l’accélération sociale, le patriarcat).
L’improviste comme mode de fonctionnement permet de déjouer les cases horaires et les protocoles préformatés. De plus, cela m’amène à entrer en relation avec des lieux sans fard où les objets (dé)placés et les traces témoignent des différents mouvements du corps dans l’espace-temps de l’intimité. Les photographies révèlent une expérience du présent poétique et ancrée dans le réel.
Le respect du nombre 148 est la principale règle du jeu. La détermination d’un nombre me pousse vers des lieux non sélectionnés selon de quelconques critères esthétiques ou économiques. Ce nombre fait aussi référence à deux maisons que j’ai habitées : une située à Sept-Iles (mon premier achat immobilier alors que j’étais enceinte de mon premier enfant), l’autre située à Matane (la maison que j’habite en ce moment, 20 ans plus tard). Finalement, le nombre crée un sentiment d’appartenance chez les personnes qui habitent un 148. Ce projet les interpelle. Il leur est adressé. Souhaitant faire partie de cette communauté inventée par l’artiste, elles l’accueillent chez-elles.
Depuis 2016, je répète ce projet en changeant mes méthodes afin d’améliorer l’équilibre des relations que je provoque. J’ai eu l’occasion d’y réfléchir dans une perspective ethnologique en réalisant une étude de cas dirigée par l’ethnologue Jocelyne Mathieu. Cette étude m’a amenée à comparer les intérieurs des 148 entre deux villes situées d’une part et d’autre du fleuve. J’ai ensuite obtenu une bourse du CALQ afin de poursuivre ma réflexion, m'amenant à améliorer mes méthodes et à prendre davantage conscience de mon rôle dans la représentation. J’ai alors parcouru le Bas-Saint-Laurent pour rencontrer ceux et celles qui habitent les 148, puis j’ai exposé la résultante de cette virée dans ma maison dans le cadre de PHOS (2018). J’y ai reçu le public pendant trois jours. Depuis le début de ma maîtrise en pratique des arts à l’UQO, je réfléchis aux enjeux éthiques de ce projet tout en créant un nouveau corpus dans différentes régions québécoises (Gaspésie, Côte-Nord, Abitibi-Témiscamingue, Saguenay) qui ont pour point commun la distance par rapport aux grands centres urbains.
Expositions et publications
À venir en 2024 : Publication d'un livre photographique en collaboration avec la boîte en design graphique Criterium
À venir en 2024 : Dépôt et publication du mémoire de maîtrise
À venir en 2024 : Exposition d'un corpus d'images dans le cadre d'une exposition collective (plus d'informations à venir)
2023 : Résidence de recherche-création au centre SAGAMIE (Alma)
2023 : Résidence de recherche-création (programme de ressourcement à la carte) au centre L'Écart (Rouyn)
2023 : Intégration d'un corpus aux enchères 2023 du Musée du Bas-Saint-Laurent, exposition collective PRÉ-ENCAN, publication dans le catalogue de l'événement
2022 : Exposition collective en ligne ÉCHANGES par le centre ADMARE (Îles-de-la-Madelaine)
2022 : Exposition collective Devant l'informe présentant l'avancement des recherches à la Galerie UQO
2018 : Bourse de création du CALQ (entente territoriale du Bas-Saint-Laurent)
2018 : Exposition chez moi dans le cadre d'Événement PHOS (Matane). Pendant 3 jours, j'ai inversé les rôles en devenant la personne visitée.
2017 : Étude de cas dirigée par l'ethnologue Jocelyne Mathieu (Université Laval)