J'habite au 148
J’habite au 148 est une manœuvre artistique qui consiste à visiter à l’improviste les personnes qui vivent au 148, à échanger sur des sujets non déterminés d’avance, puis à cocréer une représentation de la personne à travers l’écriture et la photographie d’un fragment de l’espace domestique. Le geste - sortir de chez moi et cogner aux portes d’inconnu.e.s - participe à mon émancipation des systèmes auxquels je me sens aliénée (le capitalisme, le patriarcat, le colonialisme).
L’improviste comme mode de fonctionnement permet de déjouer les cases horaires et les protocoles préformatés. De plus, cela m’amène à entrer en relation avec des lieux sans fard où les objets (dé)placés et les traces témoignent des différents mouvements du corps dans l’espace-temps de l’intimité. Le respect du nombre 148 est la principale règle du jeu. La détermination d’un nombre me pousse vers des lieux non sélectionnés selon de quelconques critères esthétiques ou économiques.
J’ai débuté ce projet au Bas-Saint-Laurent en 2017, et un premier corpus photographique a fait l’objet d’une diffusion dans ma maison située à Matane (PHOS, 2018). Je réfléchis maintenant aux enjeux éthiques de ce projet tout en poursuivant ma manœuvre dans différentes régions rurales québécoises (Gaspésie, Îles-de-la-Madeleine, Côte-Nord, Abitibi-Témiscamingue).
2017 : Étude de cas dirigée par l'ethnologue Jocelyne Mathieu (Université Laval)
2018 : Bourse de création du CALQ (entente territoriale du Bas-Saint-Laurent)
2018 : Diffusion chez moi dans le cadre d'Événement PHOS. Pendant 3 jours, j'ai inversé les rôles du visiteur et du visité.
2023 : Publication d'un livre par le Centre SAGAMIE